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jeangilles2

2024 JG EUROPE ROAD TRIP

Dernière mise à jour : 12 août

  




    



Mon road trip 2024


  • 22 pays

  • 29 jours

  • 9700 km   


La carte qui est censée représenter mon périple n'est pas totalement fidèle car si Google My Maps permet de positionner plus de 10 étapes, elle n'autorise pas d'affiner les trajets et donc impose ceux-ci entre 2 points.

2014, il y a déjà 10 ans, avait été une première date importante puisque j'avais concrétisé mon rêve d'aller au Cap Nord en solitaire.

 Il est toujours possible de revivre cette expérience sur le blog suivant : https://capnordenmoto.jimdofree.com/     


Depuis quelques mois les démons de la route sont de retour et me font les yeux doux. Je sens qu'il se trame quelque chose dans ma tête mais je n'arrive pas à mettre un nom sur cet imbroglio. Et soudain la lumière de mille projecteurs m'aveugle tout en mettant en exergue le mot béni des dieux de la Moto : Road trip.

Il faut vivre avec son temps, les mots voyage et périple ne font plus recette.

Je me suis rappelé qu'au retour du Cap Nord, une panne moto ayant annulé mon passage dans 2 ou 3 pays de l'est, je m'étais promis de préparer un voyage dans cette direction. La machine à penser s'est donc mise en route et c'est ainsi qu'est né ce projet.

Road trip est, en fin de compte, le mot qui me convient le plus puisque littèralement la traduction est "voyage sur la route". Ma façon de visiter un pays est exactement celle-ci, sillonner le plus de routes, de chemins possibles et découvrir au fil des kilomètres la vie, la vraie vie des autochtones. Essayer à tout prix d'éviter ce que j'appellerai les lieux artificiels, juste créés pour le tourisme de masse.

Je préfère vous avertir tout de suite. Si vous pensez trouver dans ce récit comme un dépliant touristique, vous allez être déçu.

Chaque projet nécessite de s'imposer des objectifs et a des impératifs. Atteindre la totalité de ceux-ci n'est pourtant pas un signe de réussite mais plutôt une graduation du plaisir que l'on y a pris. L'objectif était donc de passer au moins une nuit dans 22 pays différents ( le chiffre 22 étant le jour de mon anniversaire) et l'impératif était de réaliser ce périple d'environ 10000 km en moins d'un mois et de ne pas circuler sur autoroutes et le moins possible sur 4 voies rapides.

 Afin de ne pas perdre de temps à trouver un point de chute, tous mes hôtels étaient réservés avec possibilité de les annuler au dernier moment dans 80% des cas.

Ce qui va suivre correspond à mon ressenti. Les mêmes situations vêcues par d'autres personnes seront narrées différemment, c'est pour celà que ce que vous allez lire essaie d'être le plus objectif possible mais n'est qu'un retour d'expérience personnelle. J'ai moi-même lu beaucoup de choses avant de partir et j'avais quelques appréhensions qui se sont vite dissipées.

La Moto avec un grand "M".     

Je vais m'attirer les foudres du monde motard mais après 48 ans de moto, plus de 30 motos et plus de 500 000km à mon actif , je ne vais pas avoir de langue de bois. Chacun est libre de prendre son pied avec la moto qui lui plait mais aujourd'hui la société de consommation et tous ses relais ont réussi à faire croire que la seule moto trail capable d'apporter du plaisir et de permettre de voyager est une "GS". On rencontre donc partout ces motos onéreuses, suréquipées de tous les gadgets possibles, que ce soit pour faire 500 km de nationnales à l'année ou 10 000 km de raid pour les vacances.
 C'est donc avec beaucoup de plaisir et de fierté que je suis parti avec ma petite Moto Guzzi V85 TT à jour de sa révision des 20 000 km, équipée de ses sacoches et d'un top case. Le plus, un GPS Tomtom rider 550 monté sur un sytème Ram mount et une petite caméra Akaso brave 7 LE montée sur un support Quad lock. Je n'ai rencontré aucune de ses petites soeurs et c'est bien dommage car c'est une formidable moto. Je crois que j'ai possédé autant de BMW que de Moto Guzzi mais pour moi la moto la plus attachante a un moteur italien.


Les pays :

La France, l'Allemagne, la République Tchèque, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Moldavie, la Bulgarie, la Grèce, la Macédoine du Nord, le Monténégro, l'Albanie, la Serbie, la Bosnie Herzegovine, la Croatie, la Slovénie, la Slovaquie, l'Autriche, l'Italie, la Suisse, le Luxembourg, la Belgique.


Les papiers nécessaires :

Même si l'espace Schengen permet de voyager librement sans contrôle aux frontières, il y a encore en Europe quelques pays non concernés où des douaniers font acte de présence et d'autres où ils font encore un peu de zèle. C'est pour celà qu'il vaut mieux être en règle. Je dois dire que je n'avais pas été trop perturbé par les papiers obligatoires sauf 15 jours avant le départ, lorsque mon fils m'a parlé de permis de conduire internationnal. Branle-bas de combat, un peu d'énervement pour rien.

On trouve de nombreux renseignements sur le Net et après lecture, j'ai eu la confirmation que mon vieux permis de conduire papier français, la carte grise du véhicule, ma carte d'identité me permettraient de circuler partout, enfin presque. Cette année la carte verte a été supprimée au profit d'un contrôle d'assurance directement lié à la lecture de l'mmatriculation du véhicule mais voilà pas partout. j'ai appelé mon assurance, une grand mutuelle en réclamant une certificat d'assurance internationnal (IMIC), l'ancienne carte verte mais imprimée sur papier blanc. Il s'est passé 20 bonnes minutes avant qu'après recherches, on me réponde positivement (même chez l'assureur cette situation était nébuleuse). Je peux Partir....


Le matériel de communication, d'orientation, photo

  • un GPS Tomtom rider 550, cartes d'Europe mises à jour, branché en permanence sur la prise USB de la moto. Paramètres : pas d'autoroute, chemin le plus court.

  • le téléphone : nécessité d'acheter un "Pass", 30 euros, qui m'a permis d'avoir l'accès à internet dans les pays qui ne donnaient pas réciprocité à mon opérateur. Le nombre de Data étaient suffisants. Il n'y a qu'en Albanie que je me suis passé de téléphone puisque là, il aurait été nécessaire d'acheter une carte Sim mais comme chaque jour je changeai de pays et l'expérience me fera connaître la difficulté à se connecter.

  • Mon téléphone m'a servi d'appareil photo (le suivi GPS pour la localisation des prises de vue est un plus). J'avais aussi programmé la caméra Akaso en appareil photo mode "time lapse" et elle prenait aléatoirement 3 photos toutes les 30 secondes. 8500 photos en résultent maintenant il faut trier et j'espère avoir de bonnes surprises.


Cest parti pour une petite vidéo de mise en jambes :



  France, Allemagne

La France et l'Allemagne seront les témoins de mes premiers 1000 km. Je n'attends rien en particulier de ces trois premières étapes, elles me permettent juste de rallier la République Tchèque. Je suis très heureux d'avoir décidé de ne pas prendre l'autoroute car en Allemagne ma destination m'y a forcé pendant 40 km et j'ai connu l'enfer des autoroutes allemandes avec une première voie bondée de camion. Fin de journée, l'hôtel se situe dans le petit village de Moosbach en pleine campagne.


  République Tchèque

C'est sous la pluie que je pars pour une nouvelle étape et elle ne me quittera pas pendant les 350 km du jour. J'ai traversé la Tchéquie d'Ouest en Est à la hauteur de Prague. Même si ce beau pays, très riche en monuments, attire de nombreux touristes, la densité de petites villes et villages rencontrés sur cet axe ne laisse pas beaucoup de place à la nature. Il est souvent difficile de dépasser les 50 km/h et de plus les radars fleurissent à tous les coins de rue. La pluie a cessé depuis mon arrivée à l'hôtel, je mets mes bottes et mes gants à sécher et pars découvrir sous le soleil la ville qui m'accueille, Harrachov. A ma grande surprise, c'est une station de sport d'hiver. Il y a de nombreux bars-restaurants, pensions et locatifs, la ville est propre et agréable. J'ai appris par la suite que son grand complexe sportif de Certak abrite 8 tremplins de saut à ski.

Un peu d'anglais, un peu d'allemand et me voilà le chouchou de la patronne de l'hôtel, la barrière de la langue rapproche le plus souvent. Une chambre, un dîner simple mais excellent avec boisson, un petit-déjeuner dans une station très touristique, à Novy Svet, un des quartiers les plus appréciés et tout ça pour l'équivalent de 63 Euros (la monnaie du pays étant la Courronne), ça laisse rêveur.






Pologne

Alternance entre ciel nuageux et soleil, le temps est idéal pour les 430 km de la journée. La route choisi par le GPS est superbe ce matin, ça tourne, ça vire, je m'amuse bien. Je vais apprendre très vite à ne pas avoir une confiance aveugle dans ce guide. Je prends une voie montante sur ma droite, 500m plus loin après une série de virages, je me retrouve nez à nez avec panneau qui m'indique que la route est interdite à tout véhicule. 30 secondes de réflexion suffisent pour que je décide de continuer quand même, il adviendra ce qu'il adviendra. je pars alors vers une grande descente et au fur à mesure le goudron disparait, il n'y a bientôt plus qu'un chemin de terre que la végétation a presque envahi. J'essaie d'utiliser les endroits les plus carrossables, 2 autochtones qui discutaient dans une entrée de champ me regardent passer avec surprise. Je suis content de la moto, ce gros trail est super maniable, même chargé. Environ 4 km sont avalés, ce petit exercice m'a mis en jambe et en joie, j'ai le sourire fendu jusqu'aux oreilles sous le casque.

Peu de circulation, des petites routes comme je les aime, c'est le bonheur ce matin. J'arrive dans un village et en plein coeur soudain, une barrière est dressée sur ma voie. Je passe outre et m'engage pour me retrouver sur une route de nouveau dépourvue d'asphalte.

La seconde partie de la journée est beaucoup moins attrayante, c'est la copie conforme de l'étape d'hier. L'hôtel se trouve sur la route nationnale à Krzyszkowice, belle chambre, bon restaurant où je ferai un repas typique. Un petit chemin de campagne non loin me permet d'aller me dégourdir les jambes. La nuit sera réparatrice. Coût de l'étape 473 Zlotys soit environ 110 Euros comprenant : l'hôtel, le petit déjeuner, le dîner et 2 pleins d'essence puisque la veille j'avais oublié de le faire.



Hongrie

Nous sommes dimanche, les villes et villages de Pologne que je traverse en direction de la Hongrie via la Slovaquie sont animés. Si en France les églises ne font plus recette, ici c'est noir de monde, en habit du dimanche, à la sortie de l'office. Une chose m'a interpellé :pourquoi les gens attendent par binômes espacés de plusieurs mètres avant d'entrer dans le lieu sacré ? Il y a aussi des communions, je vois des jeunes en aube.

Je suis en Slovaquie, je n'ai pas vu de douane, ni de panneaux indiquant l'entrée dans un autre pays. J'emprunte depuis ce matin de magnifiques petites routes, je suis dans un rêve. Avant d'entrer en Hongrie, je m'arrête à un marchand de glaces et prend 10 minutes pour en déguster une. Le vendeur parle un peu français et me dit avoir visité la France en moto et avoir beaucoup aimé.

Le Tomtom me propose de passer par L'Ukraine, en d'autres circonstances, celà aurait été un vrai plaisir. L'état des routes ne s'arrangent pas en Hongrie, j'évite le plus possible les raccourcis galères proposés par le GPS. Je fais aussi très attention aux intersections munies d'un stop. Le code de la route permet apparemment de les glisser. Une fois que l'on a compris la règle du jeu, il suffit de se méfier un peu plus. Le soleil m'a accompagné toute la journée. J'arrive à l'hôtel à Nyiregyhàza, il est situé en plein centre touristique au bord d'un lac, et puisque c'est dimanche, les promeneurs sont légion. Explications sommaires à l'accueil, les chambres sont dans un second bâtiment. Je rencontre un client de type asiatique qui me guide et je regagne ma chambre qui donne sur un bassin animé par des jets d'eau. Je décide ensuite d'aller me dégourdir les jambes et d'explorer ce lieu très vivant. Il est 18h30, j'arrive au restaurant de l'hôtel et commande un repas typique. On mange tôt dans ces pays de l'est et parfois le service est non-stop. Quelque part moi qui fait l'impasse sur le déjeuner, celà m'arrange. Je vais ensuite m'asseoir près du bassin car un spectacle musical orchestré par la danse des jets d'eau va bientôt commencer et se poursuivra la nuit tombée, j'en profiterai même de la fenêtre de ma chambre. Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, dîner, boissons, environ 89 Euros. La monnaie du pays est le Florin.







Roumanie

Au petit déjeuner à l'hôtel , je trouve la personne qui m'avait indiqué, la veille, comment trouver ma chambre. Nous échangeons en anglais ( la langue de Shakespeare commence à revenir tout doucement) sur mon voyage. Il est presque admiratif, me serre la main et me souhaite un bon road trip.

J'arrive à la frontière roumaine et suis accueilli par les premiers douaniers de mon début de périple. Présentation des papiers, contrôle rapide, ce n'est qu'une formalité, je passe vite. La Roumanie me verra 2 fois, une étape en Moldavie venant s'insérer au milieu du parcours.

Ici le changement est radical, surtout au niveau de la conduite. Je ne me suis jamais senti en danger mais il vaut mieux oublier le code de la route que l'on a appris en France. Hormis les clignotants, les feus tricolores et les piètons, tout le reste ne correspond plus à aucunes de ces règles. Il y a pourtant énormément de policiers en voiture et de gens contrôlés. Je n'ai réellement jamais su les limitations de vitesse. Mon GPS m'annonçait une vitesse, je voyais en même temps d'autres panneaux avec des vitesses différentes ou pas et je me faisais sans cesse doubler.


Difficile de comprendre la signalisation, la route est pourtant à double sens.



Cette première partie de la Roumanie a été désagréable. Trop de villes et villages qui se touchent presque. Pas de parking, d'endroit un peu tranquille pour faire une pause technique ou bien même de banc et de table, sur ces grandes lignes droites pour s'arrêter, que des entrées de propriétés privées. J'ai très vite appris, traversée des villages à 80 km/h, panneaux stop et bandes blanches à effet décoratif. Les policiers ne doivent vraiment verbaliser que les gros excès. Il faut dire aussi que les antennes de CB fleurissent sur les voitures et que l'appel de phare est de rigueur pour signaler les "bleus", enfin là-bas, l'uniforme est noir.

Ceahlau, prêt du lac Bicaz coincé entre le parc nationnal de Ceahlau et le parc naturel Vanatori-Neamt va m'accueillir pour la nuit. Le patron de l'hôtel est un amoureux de moto, il parle un peu français. Il y en a une dans le bar, une dans le couloir qui m'amène à ma chambre et une fichée dans le mur extérieur de la pharmacie qui appartient au même propriètaire que l'hôtel. Je suis invité à stationner ma moto dans la cour de l'hôtel, à côté de la voiture des propriètaires. Il est 17h30, si je veux diner ce soir, c'est tout de suite car le service se termine à 18h00. Je me mets à table et avale une bonne salade, j'irai faire ma digestion en allant voir le lac, 25 minutes de marche m'en sépare.






La promenade à pieds me détend, je rencontre des gens qui répondent à mon salut.

Dans ce village, je suis surpris par les descentes de dalle des habitations, elles sont comme en lévitation et l'eau de pluie est directement rejetée sur le domaine public.

La Roumanie est le pays où je verrai le plus de gens marcher sur les bords de route et pas seulement dans les agglomérations. Au pays de la Dacia, la marche et le stop font partie du quotidien. J'y retrouve beaucoup de similitudes avec une France des années 70/75 et même antérieures. Chiens, chevaux, vaches, canards, poules sont légion sur les routes. J'ai l'impression que le portable n'a pas encore réussi à détruire le lien humain dans ce pays. Beaucoup de femmes, par binôme, font la causette devant leur maison. Nombreuses sont aussi les vieilles femmes et les jeunes marchant sur le côté, un sac de courses à la main, les villages étant si étendus.

La seconde étape en Roumanie, au départ de Cahul, Moldavie, me permet de rejoindre Ploiesti, ville au nord de Bucarest. Les douaniers roumains ont été très cool. C'est ma plus belle étape depuis mon départ. Les routes sont magnifiques. Pourtant des images me choquent. Des jeunes femmes en plein soleil, assises sur un vieux pneu attendent dans des parkings, des hypothétiques clients ( la route des routiers turcs), ce rappel à la misère me met mal à l'aise. Quelques kilomètres après, sur un parking en bord de route, une jeune femme brune, maquillée et toilettée me fait des grands signes et me sourit, je poursuis ma route mais voilà qu'à peine 5 kilomètres plus loin, le GPS me fait faire demi-tour. J'ai loupé l'intersection. Je passe de nouveau devant la jeune femme toute enthousiaste, croyant qu'un client avait réfléchi. Même si la situation me fait sourire sous mon casque, là aussi, le plus vieux métier du monde m'interroge sur la misère dans ce pays.


D'un paysage vallonné, je passe à un paysage plus accidenté et bientôt montagneux. Les lacets s'enchaînent, bordés de forêts. La lumière du soleil joue avec l'ombre des grands arbres, au loin quelques neiges éternelles. Il y a très peu de circulation, seul quasiment le bruit feutré du moteur de la Moto Guzzi rompt le silence. L'endroit est sauvage, un renard coupe la route ! J'ouvre en grand les yeux et respire à plein poumon, c'est pour celà que je suis parti. Un des meilleurs moments de ce périple survient. J'avais remarqué que les animaux étaient sensibles au bruit du bicylindre italien, surtout les chiens. J'étais lancé à l'assaut d'une série de lacets endiablés, l'un deux, plus serré, m'oblige à faire un rétrogradage d'urgence. C'est à ce moment que sur ma droite dans une clairière, un ours curieux se met debout sur ses pattes arrières pour me regarder passer. L'image inattendue est d'une extrème beauté sauvage, cette vision fugitive déclenche instantanément mon sourire et des battements accélérés du coeur.

Je rejoins la civilisation, mon hôtel est en plein centre-ville. C'est un grand hôtel mais à ma grande surprise le restaurant est fermé. Les réservations sur Booking donneront lieu à d'autres surprises du même genre. Je pars à pied chercher une restauration rapide qui était censée se trouver non loin mais ne la trouve pas. Une supérette me permettra de faire quelques courses ( chips, chocolat, soda) et c'est devant la télé dans ma chambre que je finirai la soirée. Coût des 2 étapes roumaines : hôtels, petits déjeuners, dîner, boissons, 3 pleins d'essence, environ 170 Euros. La monnaie du pays est le Leu roumain.



Moldavie

Départ de l'hôtel ce matin juste avec un café dans le ventre, le menu proposé est trop copieux et l'attente est trop longue. Il y a du brouillard, cela va être une belle journée et d'ailleurs, ce sera une des plus belles journées de roulage. En Roumanie, j'ai appris à ne respecter aucune limitation de vitesse, je traverse donc les villages à la même vitesse que les autochtones. Ma phobie des grandes villes a disparu, je reste calme très calme malgré tous les bouchons rencontrés. Contrôle toujours aussi rapide à la frontière roumaine, me voilà presque en Moldavie, je dis bien presque.

Le jeune douanier Moldave, l'air inquisiteur, me demande mes papiers. Il les consulte, me réclamant un passeport que je n'ai pas. Je lui rétorque poliment qu'une carte d'identité seule est normalement suffisante. Alors il se met à chercher la plaque de la moto pour en vérifier les numéros de série. Il repart finalement au poste pour inscrire mon entrée en Moldavie. Je n'attends pas très longtemps avant son retour et après récupération de mes papiers, fait quelques mètres avant d'être de nouveau arrêté pour une un contrôle visuel du contenu des valises. Quelques questions de principe et je peux y aller. je repars et m'arrête un peu plus loin pour remettre mes gants. Il me reste une barrière à franchir qui ne va pas s'ouvrir puisque la douanière n'a apparement pas les instructions. Le résultat est un renvoi au premier contrôle et je recommence tout.

Ayant de l'avance sur mon temps de trajet, j'allonge mon parcours. La route est faîte d'un asphalte plein de raccord, ça promet. Je n'ai pas fait 10 km que d'un seul coup, sans aucun avertissement, il n'y a plus qu'une piste chargée de poussière et de cailloux sur laquelle ma vitesse varie entre 20 et 50 km/h. L'état de cette route n'est pas liée à des travaux, c'est la route. Je croise et me fait doubler par une rare circulation mais dont la vitesse réclame toute mon attention. Les kilomètres défilent lentement, celà fait bien 30 km et je n'ai toujours pas rencontré l'asphalte. A ce régime je ne serai pas à l'hôtel en temps voulu, je valide un nouvel itinéraire sur le GPS. Il y a beaucoup de nouvelles routes (pistes) que même la mise à jour n'a pas recensé et à la lecture, je sillonne dans des champs, je n'ai plus d'indication de kilomètrage à effectuer.

Je rejoins enfin Cahul et cherche l'hôtel qui doit m'accueillir sans succès. Pas de GPS, pas de réception internet sur le téléphone, je suis complètement perdu. Je demande plusieurs fois mon chemin à des personnes qui m'indiquent un trajet approximatif. Celà fait 45 minutes que je tourne en rond, je me trouve dans un cul-de-sac. En faisant demi-tour, je trouve des ouvriers et leur demande une nouvelle fois mon chemin et nous voilà chacun avec notre téléphone, essayant de choper une connection. Voyant la difficulté qu'ils auraient à m'expliquer le chemin, ils me proposent de suivre leur voiture et heureusement car ils se heurtent 2 fois à des travaux barrant la route avant de trouver la bonne solution. Mon hôtel est situé en plein milieu des travaux, accessibilité réduite, merci à ces gens sympathiques et à mon V85 TT.



Encore une fantaisie de Booking, c'est le jour de fermeture de l'hôtel et de son restaurant. Après avoir essayé toutes les portes, un membre du personnel présent vient à ma rencontre et me conduit à la chambre. Je connecte mon téléphone au Wifi de l'hôtel, je trouve une pizzeria pas trop éloignée et décide d'aller y dîner. Une nuit bien réparatrice et un bon petit déjeuner et je suis prêt à prendre la route pour la seconde étape en Roumanie.

Frontière Moldave, comme à l'aller les douaniers sortent le grand jeu. Les barrières sont fermées, personne n'entre ni ne sort. Le soleil est déjà chaud, l'attente commence a être pénible. Un couple dans la voiture devant moi sort avec un jeune enfant dans les bras. Au même moment, le blocage se durcit, une herse est tirée en travers de la route. S'attendent-ils à un passage en force ? 20 minutes d'attente supplèmentaire et enfin, il est possible d'avancer. Je démarre et 2 chiens qui étaient couchés depuis mon arrivée décident d'attaquer mes bottes sous le visage hilare des douaniers. Aurevoir la Moldavie. Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, repas, boisson, 1 plein essence, environ 60.00 Euros. La monnaie du pays est le Leu moldave.



Bulgarie

La ville de Shumen est ma destination de ce soir. Cette étape de roulage ne me laissera pas de grands souvenirs. La dernière portion roumaine n'a pas grand intérêt. J'arrive à la frontière où il y a une très grande file d'attente, j'y retrouve un groupe de motard français qui me dit rejoindre la Turquie. Un roumain nous fait signe de remonter toute la queue et d'aller se présenter au poste de douane en brulant la priorité aux automobilistes. Merci monsieur, les douaniers n'ont fait qu'un rapide contrôle de papier, au moins 30 minutes gagnées. La frontière bulgare est passée aussi vite.

La pluie va me rattraper à 50km de Shumen, je suis obligé d'enfiler mon ensemble de pluie. Je m'aperçois que j'ai un message de l'hôtel me demandant mon heure d'arrivée. Je réponds et reprends la route. La ville qui m'accueille est assez importante, peuplée d'environ 90 000 hab. Je galère un peu pour trouver mon hôtel qui à ma grande surprise se trouve en plein centre-ville. La rue qui m'y conduit est pavée, mouillée, en trés mauvais état et de plus en pente descendante. Bel accueil, la patronne est sur le pas-de-porte et en m'attendant a réservé une place de stationnement juste devant l'entrée.




Le stationnement en pente dans cette ruelle n'est pas sûr, la moto pourrait se retrouver très vite au sol. Le patron de l'hôtel me voyant en difficulté me propose de mettre le V85 en lieu sûr et à l'abri dans son propre garage. Il va de ce pas sortir son gros 4x4, me voilà rassuré.

Les propriètaires de ce lieu parlent tous les deux très bien français, lui est italien, elle est bulgare. Je suis le seul client ce soir, encore une fois. Ils m'informent que l'hôtel est à vendre, qu'il n'y a plus de personnel. Je les interpelle alors pour le dîner. Tatiana me fera à manger. Après une bonne douche, je décide d'aller visiter la ville. Une rue marchande, piétonnière, touristique et animée est à 20 minutes de marche.



Cette balade urbaine a été très agréable. Le dernier vrai repas était hier soir, Tatiana me propose un menu assez riche que j'accepte avec plaisir. Un 37.5cl de vin cépage "cabernet sauvignon" accompagnera cet excellent repas.



Vous allez pensez que je ne fais que manger mais comme je vais faire l'impasse sur le déjeuner chaque jour afin de pouvoir rouler tranquillement, les solides petits déjeuner et parfois dîners sont les bienvenus.





Après un petit-déjeuner de ce type, vous comprenez facilement qu'il est facile d'attendre 18h30 avant de se mettre les pieds sous la table.

Je quitte la Bulgarie ce vendredi 24 mai. Tatiana m'a expliqué la naissance de l'alphabet Cyrillique. Cette journée est fériée, le pays tout entier est en fête.



Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, repas très copieux, boisson et 1 plein d'essence, environ 131 Euros. On peut faire beaucoup moins mais vu la situation de mes hôtes et de leur hôtel, ils se sont un peu lachés au niveau du prix du repas mais c'était très bien. La monnaie du pays est le Lev.


Grèce




Direction Mandra sur les bords de la mer de Thrace. Tatiana m'a averti, la route que je vais emprunter ce matin dans les montagnes bulgares est fréquentée par de nombreux routiers qui viennent de Turquie. Elle m'explique aussi qu'elle est en très mauvais état. Il va falloir être prudent me dit-elle. Je quitte ce couple très sympathique, en leur souhaitant de trouver acheteur et de pouvoir commencer une nouvelle vie.

Tatiana ne m'a pas menti, la route est fréquentée par de nombreux camions, qui comme moi, essaient d'éviter les nids de poule, nids d'oies, nids de vaches et même l'absence de goudrons sur 10 cm d'épaisseur sur plusieurs mètres. Les virages en épingles sont très sérrés, c'est du slalom permanent. Il faut être très attentif. Les kilomètres passent et la route devient plus belle ainsi que le paysage, plaisir des yeux et de conduite. La douane bulgare est inexistante et c'est avec le sourire que le douanier grec me souhaite un bon séjour. Le temps est superbe mais la route est soudain coupée par l'eau, 30 cm d'eau sur une dizaine de mètres (sûrement les pluies diluviennes de la veille).

Ce pays au bord de la ruine, il y a peu de temps possède un réseau routier de qualité. La descente des montagnes vers la côte propose des vues magnifiques. Comme les bulgares, les grecs respectent à 90% la vitesse dans les agglomérations. En dehors des villes et villages, les bandes blanches, les limitations de vitesse malgré les nombreux radars ne sont plus respectées.

L'hôtel se situe sur une butte en rase campagne, même pas une maison isolée à portée des yeux. Je suis accueilli par la patronne, une charmante dame, un peu foliquette. Elle chante, danse, je la sens très heureuse. Je suis de nouveau le seul client de ces lieux, un hôtel avec piscine et vue sur la mer. Je ne souhaite pas reprendre la route pour dîner ce soir. Après quelques minutes d'échange, j'aurai droit à un repas maison, ce qui me convient parfaitement. Après le rituel, c'est à dire, enlever le cuir, prendre une douche et boire une bière, j'enfile les baskets et les jean's pour une balade dans la campagne avoisinante. L'orage gronde au loin, le ciel a des couleurs que les nuages encore gorgés de pluie assombrissent. J'emprunte un petit chemin qui serpente entre les oliveraies et des champs de blé et me laisse bercer par un silence bienfaiteur de l'endroit. Cette seconde partie de journée est aussi importante que les 6 à 7 heures de roulage, je peux relâcher la pression que m'impose la route partagée. Cet équilibre fait partie du rituel journalier.





Avant de partir, le patron de l'hôtel me prête un outil afin que je puisse resserer le rétroviseur droit du V85 qui prend un malin plaisir à tourner avec la pression de l'air. Je salue mes hôtes et prend la route qui doit me conduire pour une seconde étape en Grèce, à Chalkidona non loin de Thessalonique. Il fait beau, la route est belle. Tout va bien, il me faut juste gérer le Tomtom qui m'envoie dans des galères pas possibles. Les grecs roulent toujours aussi vite sans s'occuper de la signalisation. Les motards ne saluent pas et c'est presque tant mieux, vu le nombre de motos croisées dans ce pays de soleil.

J'arrive enfin à mon point de chute de la journée, hôtel/restaurant chic, piscine/bar/bains de soleil, 66 Euros, petit déjeuner compris, le luxe à bas prix. Celui-ci est excentré du centre-ville et ne me permet ni d'aller marcher en ville ni de faire une promenade bucolique, je resterai donc au bar de la piscine à déguster une bière bienvenue en attendant de pouvoir me restaurer.

Je rêvai, une fois en Grèce, de manger de la tzaziki et des souvlakis, il y en a sur la carte. Mon choix est vite fait mais amère désillusion, les seuls plats typiques ne sont pas disponibles. Tout se perd mon pauvre monsieur !!! Pizzas, pâtes et burger ont remplacé comme dans beaucoup d'endroits touristiques, la saine nourriture. Coût des 2 étapes ; hôtels, petits déjeuners, repas, boissons et 1 plein d'essence, environ 200 Euros. La monnaie du pays est l'Euro.





Macédoine du Nord


Depuis le départ, c'est montagneux et d'un vert soutenu. Je trouve une station service isolée, je n'ai pas fait le plein hier soir comme d'habitude, le témoin de réserve est allumé. Je profite de l'arrêt pour vérifier la pression de gonflage. Le pompiste est très gentil, il me propose un café froid (nescafé frappé avec glace). Je veux pour lui payer mais il refuse. Les derniers kilomètres en Grèce se feront à petite vitesse et avec beaucoup d'attention. Tous les kilomètres environ, il y a des panneaux qui annoncent ; "Traversée d'ours". C'est plus l'envie d'en voir un autre que la peur d'en voir un croiser ma route qui requiert toute mon attention.

La Macédoine a une heure décalage avec la France, j'ai donc tout mon temps pour profiter de la route et du paysage.

Petit pays donc petite étape, dIrection Mavrovo qui se situe au nord-ouest du pays, au bord du lac qui porte le même nom et dans le Park National de Mavrovo. Je passe la frontière sans problème, c'est le premier pays qui demande l'assurance. Mon certificat IMIC sera le laisser-passer obligatoire. Sourire de la douanière, elle me rend mes papiers. Le pays est montagneux, le long des routes, il y a partout des petites fontaines d'eau qui descend de la montagne. J'y vois souvent des routiers ou des autoctones s'y arrêter pour remplir une gourde ou se désaltérer. Dans presque tous les pays traversés pendant ce périple, j'ai évité de boire de l'eau du robinet et même de me laver les dents avec celle-ci. D'après mes lectures, une tourista est vite arrivée, j'avais emporté les médicaments adéquats. Mon timing est tellement serré.

Encore ce satané GPS qui m'induit en erreur. Il me fait prendre une route qui monte raide, toute défoncée, pour arriver dans un cul-de-sac, je peste sous mon casque. Je redescend et prends la route inverse et trouve mon hôtel sur le bord de route. C'est dimanche, le parking est plein ainsi que le restaurant, service non-stop. Après la douche départ à la découverte des bords du lac. Lors de cette scéance photos, je rencontre deux français descendus au même hôtel que moi. Des touristes mais des touristes sportifs puique c'est à vélo qu'ils visitent le pays.

Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, repas, boisson et 1 plein d'essence, environ 85 Euros. La monnaie du pays est le Denar.





Albanie


Courte étape aujourd'hui, la dernière ville de Macédoine ,assez importante, qui me voit passer est Debar. La traversée est agréable, il y règne une ambiance chaleureuse, beaucoup de gens dans les rues. C'est bizarre, il y a une onde de bien-être qui me traverse. Je passe la frontière sans que le douanier ne lève les yeux de mes papiers, il ne saura jamais à quoi ressemble ce français qui quitte le pays.

J'ai lu beaucoup de choses pas très rassurantes sur l'Albanie et c'est assez méfiant que je passe la frontière. Je ne suis pas pressé pour trois raisons : peu de kilomètres à effectuer, la route après un revêtement nickel s'est transformée en une piste plus ou moins goudronnée mais surtout le paysage qui m'entoure est magnifique, grandiose. Je n'ai pas assez de superlatif pour qualifier l'endroit qui m'accueille. La route que j'emprunte sillonne entre le Parc National de Lüre et le Parc National de Qafshtama et doit m'amener dans le nord du pays à Shkodër sur le bord du lac de Skadar.

J'en prends plein les mirettes pendant 3 heures, je vis un rêve éveillé. Les rencontres sur la route sont assez surprenantes, c'est le pays des animaux libres. Le pays est une grande ferme, j'avais l'habitude des chiens en liberté, ici c'est la totale. Il n'y a pas de clotures, je vais donc trouver sur ma route et même dans les agglomérations, des troupeaux de vaches, de chevaux, un âne, des moutons, des canards, une poule et ses poussins.

Je suis presque arrivé, je cherche comme à l'habitude à faire mon plein de carburant. Je m'arrête dans deux stations successives dans lesquelles je ne pourrai pas être servi car ils n'acceptent pas les cartes de crédit . Pas d'inquiètude, je le ferai au Monténègro demain, j'ai suffisamment d'essence pour quitter ce pays. Il me faut revenir à la réalité, comme à son habitude mon GPS me conduit vers le but final mais pas précisément. C'est souvent que je fais appel à mon téléphone pour localiser l'hôtel. Mais il y a un "Hic" aujourd'hui. Je n'ai pas le droit d'allumer mon téléphone en Albanie car mon "pass" n'y est pas reconnu et je serai alors débité de sommes assez conséquentes. Il aurait fallu acheter une carte Sim, ce que je n'ai pas voulu faire pour une seule journée passée dans ce pays. Je cherche et recherche désespérement ce fichu hôtel lorsque je vois un vieux panneau qui m'indique son emplacement. J'écarquille les yeux. En face de moi se dresse un batîment ancien, sans porte et sans fenêtres. Je continue un peu ma route croyant m'être trompé puis reviens sur mes pas, je ne vois rien d'autre. J'ai l'impression d'être le dindon de la farce. Evidemment, celà m'arrive le jour où je n'ai pas de téléphone. Je décide donc de m'arrêter à l'hôtel vu quelques centaines de mètres plus loin pour trouver le gite et le couvert. 15 minutes plus tard mon problème est résolu, je monte dans ma chambre et quitte le cuir. Je veux boire un verre au bar mais comme je n'ai pas de cash et qu'ils n'auront pas le terminal avant ce soir, ce ne sera pas possible. Je décide donc d'aller me dégourdir les jambes.



La promenade est de courte durée, l'infrastructure de la route ne me permet pas de circuler en toute sécurité en tant que pièton. Au cours de cette mini promenade, à 80 mètres de mon nouveau pied-à-terre , je découvre une rue, que je croyais être la cour d'un hôtel de grande classe, elle aurait dû m'amener à l'hôtel que j'avais réservé. D'ailleurs plus tard, j'aurai la surprise de découvrir que la fenêtre de ma chambre donne exactement sur celui-ci qui se trouve dans les hauteurs de la ville.

En attendant de dîner, j'essaie de brancher GPS et téléphone, les prises ne sont pas les mêmes qu'en France, ah quelle galère ! Je me résigne à allumer la télévision, il y a un film en français, ça fera passer le temps jusqu'au repas. Euréka ! j'ai enfin compris comment utiliser les prises électriques.

Je prends mon repas au bord du lac, il fait très beau. Le serveur m'offre entre deux plats, un verre d'une boisson incolore, c'est bon pour la digestion dit-il.

Et c'est le lendemain matin avant de partir que je comprends pourquoi les cartes de crédit ne sont pas les bienvenues. Je suis monté au troisième étage avec l'agent d'accueil, il a les bras en l'air et recherche une hypothétique connexion de son terminal à internet que l'on ne trouvera pas. Je propose de payer en Euros, ce qui va le ravir. Il m'explique qu'il accepte 3 monnaies dont l'Euro. Je quitte l'Albanie très rassuré quant à la possibilité de circuler en sécurité, il y a seulement les mêmes cacous qu'en France. Je crois que toutes Mercédès d'Europe finissent leur vie là-bas, il y en a à tous les coins de rue. C'est un très joli pays lorsque l'on quitte les sentiers battus, il faut y aller maintenant car dans moins de 10 ans il n'y aura plus ce décalage qui fait du bien. Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner et repas, environ 62 Euros. La monnaie du pays est le Lek.


Monténégro


Passage rapide de la frontière qui est désertée par les douaniers Albanais. L'étape est très courte, je vais donc faire un crochet par la côte trop touristique à mon point de vue et ensuite regagner l'intérieur du pays. Entrée en matière surprenante, le conducteur Monténégrin est dangereux au volant, Gaffe !!!


Le pays est en pleine évolution, il y a de nombreuses constructions. Le réseau routier est lui aussi plein de surprises. Le pays est magnifique, ses côtes, leurs découpes et la mer ainsi que la plupart des routes.


Pluzine, au bord du lac Piva est ma destination de la journée, la route qui m'y emmène est un vrai bonheur. Je suis logé ce soir dans une construction en bois (pour 30 Euros) qui jouxte la partie bar/restaurant. A peine arrivé, le rituel effectué, je vais marché jusqu'au lac.


Le restaurant est typique alors que le patron de l'ensemble est plutôt atypique. Je me laisse tenter par un plat de la région à base de mouton dans une ambiance musicale très prenante : https://www.canva.com/design/DAGNKvhemmA/rsd0KJ54sx1WnG_WQcIIKQ/watch



Départ vers la Serbie, je quitte Pluzine après un petit déjeuner à la française (pain, beurre et café domestique à ne pas brasser) et m'engage dans le canyon qui borde la rive droite du lac Piva. La route qui serpente le long du lac est un vrai plasir, de nombreux tunnels creusés dans la montagne permettent cette errance, tant et si bien que j'en oublie ma destination. Voyant que le GPS m'annonçe de plus en plus de kilomètres au lieu de m'en déduire, j'en conclus que j'ai pris la direction opposée, demi-tour et recherche du bon itinéraire. Je vais, après 50 km d'une erreur bien agréable trouver l'intersection loupée.


Je m'engage dans un tunnel creusé à même la roche, tortueux et sans lumière pour ressortir sur une petite route lumineuse qui sera envoûtante tout au long des 60 km que je vais emprunter. Les arrêts photos seront nombreux, tout est majestueux. La traversée du Parc Nationnal de Durmitor est un grand moment. Nous sommes en mai et la circulation de camping-car et voitures est assez surprenante, je me dis que dans 2 mois celà va ressembler à une autoroute, je remercie alors mon statut de retraité.



J'ai pris la photo la plus insolite de la journée, un panier de basket au milieu de nul part.


Je continue la petite route R-16 jusqu'à l'intersection avec la M-6 plus grand axe sur lequel je passe la frontière. Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, repas et 1 plein d'essence, environ 89 Euros. La monnaie du pays est l'Euro. Je vais rajouter que de tous les pays traversés, les femmes sont ici très belles.



Serbie

Au passage de la frontière, le douanier Monténégrin parle un peu Français et plaisante un peu. Il n'en est pas de même pour son analogue Serbe qui ne dira pas un mot. En Serbie, il y a énormément de circulation sur la route qui me conduit à Cacak.


La Serbie est aussi très montagneuse mais la route qui m'est proposée est très passagère et parait bien fade comparée à celles de l'Albanie et du Monténégro.





J'arrive à l'hôtel, mes rudiments d'anglais et d'allemand ne servent pas à grand chose. Nous communiquons par geste. Je suis en périphérie de Cacak au niveau d'un grand rond-point, il n'y aura pas de promenade à pieds ce soir.

Malgré ce que m'avait annoncé Booking, le patron ne prend pas la CB, il accepte quand même les Euros. Je comprends, après plusieurs tentatives, qu'il ne me fera pas à manger non plus ce soir. Le hazard fait bien les choses, à quelques dizaines de mètres, il y a un restaurant qui me permettra de me substanter. Je choisi un plat d'ici, à base de veau, accompagné d'une salade goûtue, de tomates, échalottes, piments. L'ambiance n'est pas génial, grand écran, BFM à fond, je retourne très vite à ma chambre pour préparer mon itinéraire du lendemain. Avant de reprendre la route, j'ai droit à un copieux petit déjeuner.

Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, repas et 1 plein d'essence, environ 65 Euros. La monnaie du pays est le Dinar.




Bosnie-Herzegovine


Passage des frontières, facile, je n'ai pas vraiment l'impression de changer de pays. La Serbie et la Bosnie sont 2 beaux pays, vallonnés et fournis en forêts mais fades par rapport aux 3 d'avant. J'ai décidé de faire confiance à mon GPS et prends des petites routes, je dirai même des petits chemins. Je suis surpris par le nombre de maisons en ruine. La guerre, il est vrai, est passée par là il y a 30 ans mais les impacts sur certaines facades ne lui permettent pas de sombrer dans l'oubli.

J'ai loué un petit bungalow à Bosanski Luzani, la grande ville la plus proche est Derventa. J'ai suivi longuement une voiture sur cette petite route, je suis maintenant seul. Le GPS m'annonce que je suis arrivé mais au milieu de nul part. Pas un bungalow en vue, à 50m seulement un baraquement avec des chiens qui s'ils n'étaient pas à l'attache m'auraient souhaité une bienvenue particulière. Soudain un homme en genre de robe de chambre et savates élimées sort. Je me dirige vers lui et essaie d'engager la conversation. Il parle un peu allemand et un peu anglais. Je lui montre où je veux aller, il m'explique dans une langue que nous venons d'inventer que je ne suis pas le premier qu'un GPS perd ici mais tout simplement parce que l'endroit correspond bien aux coordonnées entrées. Ce sont les coordonnées de l'endroit qui doit m'accueillir qui sont fausses. Je repars donc avec des expications sommaires en n'oubliant pas de remercier chaleureusement cet homme. Après une quinzaine de kilomètres et en ayant encore tourné en rond, je découvre mon pied à terre de ce soir.


Cette journée est une journée de M...e !!! J'ai perdue la carte mémoire de ma caméra que j'avais mis en place en Albanie. J'avais déjà 700 photos des coins les plus interressants. Je me suis fait flasher 2 fois, j'ai fait un accroc à ma selle et je me suis perdu.

Mais comme on dit, après la tempête vient le beau temps. Arrivée à l'hôtel, il est 16h00, le restaurant est complet mais on prend le temps de m'acceuillir, je remplis les formalités habituelles. j'attends quelques minutes et une charmante bosniaque, le sosie d'Adriana Karembeu, vient me chercher pour m'emmener à mon bungalow. Je ne sais pas si elle est aussi grande mais c'est sûr elle est très jolie. J'apprends que je vais être surclassé car le locataire du bungalow que j'aurai dû avoir a cassé la lunette des WC. J'hérite donc d'un 5 places . C'est très propre, il y a un réfrigérateur avec des consommations, des brosse à dents en cas d'oubli. Je prends ma douche et j'enfile mes tennis, il y a une promenade possible en sous-bois et longeant une rivière.


Cette agréable promenade m'a ouvert l'appétit, je décide de m'installer au restaurant, on me fournit une carte en anglais. Je commande un plat de la région et bien sûr une boisson à base de houblon. Quelle surprise !! il y a à manger pour 4. Je ne finirai jamais ce plat avec 7 viandes différentes.


Mes voisins de table sont un couple d'allemand d'un certain âge, ils sont partis pour 3 mois à vélo. Ils arrivent d'un mois au kossovo et sont ravis. Nous échangeons un peu, ce bon sang d'anglais pas utilisé depuis 10 ans est parti bien loin.

Il est l'heure d'aller préparer l'itinéraire de demain et de coucher sur papier les faits les plus marquants de la journée. Traverser un pays par jour embrouille un peu les idées, il faut un témoin manuscrit.

Petit déjeuner toujours aussi copieux et départ vers la Croatie. Coût de la journée, bungalow, petit déjeuner, dîner, boissons, 1 plein d'essence, environ 88 Euros. La monnaie du pays est le Mark.



Croatie


Cette frontière permet aux motos de passer plus rapidement, direction Jaskovo Ozalj dans le nord de la Croatie. C'est un choix délibéré de traverser ce pays sans m'approcher de la côte, trop touristique à mon goût. Je sillonne donc sur des routes de bonnes qualités au milieu de plaines verdoyantes. La plupart des maisons ont une assise ou un rez-de-chaussée construit en parpaings pleins surmontés de briques qui ne sont pas crépies. De là à penser que comme en Grèce à une certaine époque, lorsque la maison n'était pas achevée, les propriétaires étaient exemptés d'une taxe, il n'y a qu'un pas.


Il y a une énorme différence entre l'arrière pays et la côte (que je ne connais que grâce à des photos). C'est assez triste. J'ai besoin d'un peu d'imprévu et il arrive au bon moment. La route que le GPS me dit de suivre est barrée par un grand panneau, des engins de chantiers sont stationnés. Apparemment, les ouvriers ne travaillent pas ce vendredi après-midi, je suis joueur, je m'engage. J'ai appris à aimer ça. Toute la route a été défoncée par des bulldozers, il y a des ornières remplies d'eau de pluie récente. Ce n'est que pierres, boue, il faut regarder loin pour conserver la trajectoire qui évite la chute. Le V85 et son pilote sont à leur aise, un parcours assez lent mais technique, merci les ingénieurs de Moto Guzzi.

J'arrive enfin à l'hôtel, la moto et le pilote sont couverts de boue. C'est un motard peu fier qui traverse la terrasse du restaurant où se tient un mariage. On ne m'attendait pas, Booking n'a pas prévenu l'hôtel. Personne, hormis la patronne ne parle anglais. Elle arrive à la rescousse de ses employés déjà débordés par le mariage. Elle me rassure et me donne une chambre pour la nuit. Je sais déjà que je ne mangerai pas ce soir. Il se met à pleuvoir, orage, grêle, vent : mariage pluvieux, mariage heureux. Je me change et descend boire ma bière. Je suis en pleine campagne mais pas de promenade possible.




Il y a une petite épicerie (10m²) à côté du restaurant. Je ne peux pas faire de cuisine, j'achète donc un assortiment de gâteaux au chocolat, une bouteille d'eau. Ce sera mon repas devant un film français sur Netflix. Pendant ce temps, je vois arriver des moutons sur broches.

Le matin du départ, j'ai droit à un super petit déjeuner, sucré/salé, je dois profiter de restes du mariage. Coût de l'étape : Hôtel, petit déjeuner, boisson,1 plein d'essence, environ 75 Euros. La monnaie du pays est l'Euro.


Slovénie


Départ pour Moravske Toplice, commune située dans la région du Prekmurje au nord-est de la Slovénie près de la Hongrie. J'ai pris par habitude de prendre toutes les interdictions et lorsque non loin de la frontière je vois une route barrée, je m'y engage. Je fais 100m et arrivé à une nouvelle barrière, m'aperçois qu'en fin de compte la douane bosniaque a été déplacée sur la gauche. Je suis donc en totale infraction, je fais alors discrètement demi-tour et récupère le nouvel itinéraire et poursuis mon chemin sans aucun contrôle aux frontières.


Ce pays change du tout au tout, beau réseau routier, villages fleuris, belles maisons. Le paysage est montagneux et de belles routes viroleuses donnent énormément de plaisir au motard que je suis. C'est fou à la vitesse où je suis passé de la plaine à la montagne. Le GPS m'envoie vers des très petites routes mais très agréables. La Slovénie est un pays européen qui n'a rien a envié à la France ou à l'Allemagne. C'est propre même très propre. Par contre les parkings en bord de route sont là-aussi quasiment inexistants. Ce pays est une très belle surprise.

L'étape de ce soir me mène dans une commune thermale où vous pouvez profiter de bains dans une eau noire provenant de la source d'eau thermale la plus chaude d'Europe. L'hôtel, restaurant qui m'accueille est un peu daté. Le mobilier de la salle de restaurant, très classe en son temps, présente des fauteuils qui ne sont plus vraiment bleus. Je ne peux en tout cas me plaindre de ma chambre, petit appartement de 30m². La petite promenade habituelle me permet juste de me dégourdir les jambes mais pour le plaisir des yeux, il me faudra attendre une étape future. Le repas de ce soir est soi-disant typique, la cuisine fait un peu cantine mais est très correcte. Au menu, il m'est servi : un potage aux pates suivi d'un plat composé de côtelettes, choucroute, purée, crème fraiche.



Depuis 2 ou 3 jours, les bords de route sont plantés de cerisiers, c'est une idée sympathique. Je vois des gens arrêtés se donnant à la cueillette dégustation. Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, repas, boissons, environ 70 Euros. La monnaie du pays est l'Euro.


Slovaquie


Direction Nitra , 5eme plus importante ville slovaque et une des plus anciennes. Je traverse de nouveau la moitiè de la Hongrie mais d'ouest en est et passe la frontière à Komarno. Il fait un temps magnifique cependant vu les flaques d'eau et les poches d'eau dans les champs, la nuit n'a pas dû être des plus sereines. Il est aisé de circuler, c'est dimanche matin, ils sont tous partis à la messe. Dans tous ces pays traversés, je m'aperçois que la religion tient énormément de place. Le réseau routier est en très bon état, drôle de changement par rapport à mon premier passage à l'ouest. Le Hongrois est prudent au volant et respecte scrupuleusement le code de la route. La route est très agréable et il y a de nombreux espaces où je peux m'arrêter.



D'ailleurs lors d'un arrêt technique non loin d'une forêt, j'aurai le droit d'assister à ce que je nommerai le ballet nuptial d'un magnifique oiseau : le guépier d'Europe.

La photo n'est pas de moi, je n'avais que mon portable et parfois je l'ai bien regretté. Pour autant, c'était un merveilleux moment d'émotion.



La frontière Slovénie/Hongrie était matérialisée ce matin par un panneau alors qu'il n'existe qu'un vestige de frontière au niveau Hongrie/Slovaquie. C'est un douanier Slovaque, somnolant dans sa voiture stationnée à l'ombre qui est le garant des entrées dans le pays.

Mon hôtel est un peu retiré du centre-ville mais après vérification, 30 minutes à pieds me permettent d'accéder à un centre commercial où je vais pouvoir enfin acheter une nouvelle carte SD pour ma caméra qui est au chômage depuis la perte de ce micro-objet. Nous sommes dimanche mais j'ai lu que les magasins étaient ouverts.


Il y a un monde fou dans cet énorme centre commercial. Il y a longtemps que je ne me suis pas plongé dans la foule. Je fais toute la galerie marchande sur 2 étages, trouve mon bonheur. Je déambule et compare intérieurement les produits proposés à la vente et leur prix par rapport à la France. A l'extérieur du centre, la fête bat son plein, ça ressemble à une grande fête des écoles. Il y a un spectacle de danse et chant animé par des artistes que les enfants et les parents ont l'air de connaître. Cela fait beaucoup trop de monde pour un motard qui a entrepris un voyage en solitaire, je décide de regagner l'hôtel et comme d'habitude mon sens inné de l'orientation me fait prendre un chemin du retour que je serai obligé de corriger au GPS avant de partir complètement à l'opposé de ma destination prévue.

La Slovaquie est un pays semblable à la France, les routes sont en bon état. J'ai toujours l'impression que les gens roulent vite mais il faut dire qu'empruntant le plus souvent des itinéraires qui nécessitent de l'attention même à 60km/h et de plus n'étant pas pressé, me retrouver sur des routes normales parmi une circulation plus dense est toujours un choc.

Il est 18h00, je vais dîner : une pizza, une glace et une bière. Je regagne ma chambre, 6 à 8 heures de route par jour et dès que possible une bonne promenade à pieds en fin d'après-midi font que je n'ai pas besoin de berceuse. Pendant que j'écris mon journal de bord et prépare mon itinéraire, presque comme d'habitude, un orage violent éclate, il pleut des cordes. Je charge avec beaucoup de précaution la micro SD dans la caméra, me voilà prêt pour demain.




Et toujours un trop copieux petit déjeuner. Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, dîner, boisson, 1 plein d'essence, environ 110 Euros. La monnaie du pays est l'Euro.







Autriche


Je laisse Bratislava derrière moi et quitte la Slovaquie qui ne me laissera pas un souvenir impérissable, pas assez dépaysante. A la frontière, la douanière appuyée nonchalamment à un poteau, tape un SMS en souriant, loin de tous les tracas administratifs. Mon étape de ce jour doit me conduire à Braunegg dans le nord-est de l'Autriche. Je sillonne à l'intérieur du Parc National Danube-Auen avant de rejoindre Vienne. Mon GPS me guide comme un chef et je dois dire qu'après une heure de feux, de circulation dense, de grande ville, je commence à étouffer. Je cherche de la verdure, de la nature, du non-bâti, je suis un sauvage, au secours ! Je n'ai pas vu le Beau Vienne, je pense mais ce n'est pas grave. 30 minutes plus tard, je peux enfin respirer de l'air sain des montagnes de la Basse-Autriche.


Dés que je peux, je quitte les grands axes pour circuler sur les voies secondaires à ma vitesse de touriste pas pressé. Le réseau routier est magnifique, quelque soit la taille de la route. Cela sera le pays médaille d'or. D'ailleurs la vitesse est limitée en conséquence, 100 km/h, mais la vitesse réelle est bien supérieure. Le parc de voiture est aussi bien haut de gamme par rapport aux différents pays d'Europe de l'est.

J'arrive à mon hôtel dans un petit village en pleine montagne, le parking est très en pente. Le patron sort et me propose de mettre la moto dans son garage, il m'explique qu'il attend un autre motard ce soir qui lui a demandé cette possibilité. Ma chambre est juste au-dessus dans la partie réservée au garage.


J'ai bien fait d'accepter l'abri pour la Guzzi, un orage vient d'éclater. Il pleut à averse, la petite balade que j'ai prévue tombe à l'eau (hihihi!!), dommage pour les photos. Je vais être obligé d'aller boire une bière.


Je rencontre le motard Croate avec qui je partage le garage de l'hôtel, nous échangeons sur nos parcours puis allons respectivement dîner. C'est une auberge familiale, je fais connaissance de la femme et la fille du patron. Celui-ci, qui regarde la télévision, me parle des élections en Autriche. Le monde politique et ses magouilles ont l'air d'être du même acabit qu'en France, pas de dépaysement. Il me parle d'une route effondrée non loin suite à l'orage et des graves inondations en Allemagne.


Le petit déjeuner avalé, je charge la moto et m'apprête à partir pour ma seconde étape en Autriche. Le patron sort et me tend un coca-cola pour la route, cadeau de la maison, me dit-il. Je le remercie. Il fait un peu frais ce matin mais le ciel va se dégager en cours de journée pour laisser place à un beau soleil.

Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, boisson, 1 plein d'essence, environ 100 Euros. La monnaie du pays est l'Euro.


La seconde étape autrichienne doit me conduire dans le Tyrol à Fusch an der Glocknerstrasse. Grands axes, circulation rapide, ah enfin ! le Tomtom me dirige vers des routes secondaires, sans circulation. Quand même, un peu de solitude, je roule à la vitesse qui me convient, c'est à dire 70 km/h. De nouveau des routes rapides, je change l'itinéraire et en même temps me rajoute 60km de petites routes appréciées par les motards.

Le réceptionniste de l'hôtel est un amoureux de la langue française et de la France, il m'accueille avec un grand sourire et m'explique tout ce que je dois savoir.


Je pars faire une grande promenade, ce pays a prévu des pistes cyclables et piétonnes. Le temps se couvre au loin, la raison me demande rebrousser chemin. Et comme d'habitude, je vais avoir droit à un violent orage mais je suis déjà dans ma chambre. Je regarde ma moto se laver par la fenêtre.



Le but est de gravir le lendemain, la route alpine du Grosseglockner dans le Parc National du Hohe Tauern. Cette route mythique serpente pendant 48km et propose de nombreux point de vue dédiés aux amateurs de souvenirs.

Coûts de cette seconde étape : hôtel, petit déjeuner, repas, boisson, 1 plein d'essence, environ 150 Euros.


Italie




La pluie d'hier soir est un vague souvenir. Il est 8h30, je prends la route, la très chère route puisque cette route mythique est plus onéreuse qu'une autoroute française, 33 Euros les 48km. Maigre consolation, le réceptionniste de l'hôtel m'a donné une réduction de 10%. La route est vraiment très belle, large, bien déneigée et il est souvent possible de faire un arrêt photo. Pourtant, je le dis, c'est du racket, il n'y a rien qui justifie un tel prix. J'ai eu le plaisir de voir 2 marmottes arrêtées sur la route, pas apeurées du tout elles ont pris leur temps pour rejoindre un endroit moins dangereux. J'ai eu une pensée, à ce moment très précis, aux sujets des renards rencontrés en Norvège et de ma mésaventure.

Je suis en Italie du nord, le Tomtom me fait prendre des grands axes chargés de voitures. Même en changeant les paramètres, je me retrouve toujours sur cette voie rapide. J'ai quasiment roulé pendant 200 km sans trouver un endroit de verdure pour faire un arrêt reposant. Je suis surpris depuis quelques dizaines de kilomètres, il y a énormément de motos dans les 2 sens. Je profite de ma pause pour regarder où je suis exactement. J'ai 2 heures à perdre car l'hôtel n'accueille qu'à partir de 17h00. Si je me rallonge de 100 km, j'aurai le temps de faire le col du Stelvio. Voilà d'où viennent tous ces motards. Ce n'était pas prévu mais l'occasion est trop bonne, allons-y.





C'est la bonne heure pour prendre cette route, il y a des motos mais pas trop. La route pour monter jusqu'au col est parfaite mais aussi assez technique. Je suis sûr que de nombreux novices ou rouleurs du dimanche doivent avoir chaud, les virages en épingles sérrées sont légions.

J'ai bien occupé mes heures libres, je suis heureux comme un gamin à qui on a permis de jouer plus longtemps que prévu. Je peux maintenant rejoindre mon hôtel à Malles Venosta, près de la frontière Suisse. La journée a été excellente et aussi épuisante.


Le dîner est servi vers 18h00, c'est parfait. Je crois qu'à 20h30 je dormai déjà. Très, très belle journée de roulage, demain je passe en Suisse. Coût de l'étape ; hôtel, petit déjeuner, dîner, boisson, 1 plein d'essence, environ 110 Euros. La monnaie du pays est l'Euro.


Suisse


Je quitte ce matin l'hôtel Weisskugel gasthof, ambiance très familiale et amicale dans ce petit village de montagne italien. Je dois dire que j'ai été surpris d'entendre tout le monde parler allemand alors que je suis en Italie. J'ai donc cherché l'explication et ai appris que le Tyrol du Sud ou Haut-Adige est peuplé en majorité de germanophones. Une population qui, sous le régime fasciste, a subi une italianisation forcée qui a concerné aussi les noms propres (des familles comme des lieux), (cf.Wikipédia).

Il fait très beau, je décide donc de rajouter une soixantaine de kilomètres à mon itinéraire.

Je fais une superbe rencontre avec un très sympathique italien guzziste et side-cariste comme moi. Il manie très bien sa réplique chinoise d'un Ural. Nous roulons quelques kilomètres ensemble.




La Suisse, c'est beau, c'est propre. Je me fais flasher par l'arrière en sortie de village sur un axe limité à 30 km/h. C'est un comble, moi qui depuis quelques milliers de kilomètres roule toujours en dessous de la vitesse autorisée, qui ai adopté une conduite de camping cariste. Il y a énormément de travaux sur les routes, de circulation déviée. Je ne me souviens plus exactement de l'endroit où c'était, mais en tout cas pas très loin de St Moritz. Je prends une peite route qui montait en lacet, je fais environ 6 km, m'arrête faire une pause photo lorsque je vois des ouvriers venir en face moi, descendre de leur camion et poser des barrières pour interdire la circulation, sans aucune autre explication. Je redescend dans la vallée en suivant le nouvel itinéraire du GPS et tombe sur une nouvelle route fermée à la circulation. Une gentille dame qui vient donc de m'interdire l'accés, il y a moins d'une minute m'explique qu'il faut que je prenne la route de l'autre côté de la rivière. Je me résigne à passer dans St Moritz et là c'est le GPS qui m'envoie dans une rue fermée, elle aussi par une barrière. Je suis devant une sortie de parking souterrain, la roue avant de la moto coincée dans un caniveau et pour m'en sortir doit effectuer une marche arrière dans le sens inverse de la pente. J'ai attrapé une bonne suée sous mon cuir mais je m'en suis sorti sans chute.


Les routes de montagne sont magnifiques, les paysages extraordinaires et ici c'est gratuit. Je prends mon temps et emplis mes poumons de cet air vivifiant puisqu'après la Suisse, les montagnes enneigées auront disparu. Je pars en direction de la mer.


J'arrive à Uznach où je dois passer la nuit. Je remplis les formalités, la gérante de l'hôtel me propose une place de parking au sous-sol. J'accepte avec plaisir, la suite de la journée me donnera raison. En effet, il y a une constante dans ce voyage puisque à peine 2 heures après mon arrivée, ma promenade terminée, alors que j'étais en terrasse devant un jus de houblon, bien mérité, un violent orage éclate.

Après un passage par ma chambre pour faire mon itinéraire, je rejoins la salle de restaurant qui est bondée de monde. Dîner et dodo, la journée a été longue. Je me réveille le lendemain matin et surprise mon téléphone est bloqué. J'ai oublié de couper internet, ça ne m'est pas venu à l'esprit. En Suisse, pays d'Europe, on paye des frais d'itinérance. Mon opérateur a déclenché la sécurité et bloqué le téléphone mais cet oubli va quand même me coûter l'équivalent de 80 Euros. Coût de l'étape sans cette bévue, hôtel, petit déjeuner, dîner, environ 160 Euros. La monnaie du pays est le Franc Suisse.


France



Je prends la route sous la pluie, le patron de l'hôtel me souhaite un bon voyage. Je défie la météo, pas de vêtements de pluie. J'ai eu raison, le soleil est vite revenu. Je ne sais pas si le GPS en eu marre de m'entendre rouspéter mais je ne sillonne la Suisse, l'Allemagne et la France que sur des routes secondaires. Tomtom en profite quand même pour m'envoyer dans des galères qu'à la fin j'arriverai à déjouer. L'hôtel à Lunéville est facile à trouver mais malgré ce que Booking m'a annoncé ne sert pas à manger ce soir. Je trouve un restaurant non loin et me laisse aller. Je sors le grand jeu, apéro, entrée, plat, dessert, vin, café. En France, tout n'est pas parfait mais un bon resto redonne vite le sourire. Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, dîner, boissons, 1 plein d'essence, environ 150 Euros.


Luxembourg


C'est une courte étape jusqu'à l'hôtel aujourd'hui, je change mon itinéraire afin de rouler pour rouler. Il n'y a pas trop de circulation et rien de bien marquant quant au paysage. Je suis arrivé pas tard à Pommerloch, l'hôtel se situe près une zone commerciale et est classe. Le dîner et le petit déjeuner pris au restaurant sont de très bonne qualité.


Je fais une première promenade bucolique avant de visiter quelques magasins de la zone commerciale voisine.


Coût de l'étape, hôtel, petit déjeuner, boisson, dîner, environ 160 Euros. La monnaie du pays est l'Euro.


Belgique


Comme prévu, la Belgique est donc le 22 eme pays visité. L'état des routes est aussi mauvais qu'en France. Je sillonne le pays d'est en ouest jusqu'à La Panne, ville côtière de la mer du Nord. C'est une station balnéaire comme je ne les aime pas. Difficile de circuler, difficile de stationner, j'arrive tant bien que mal à mon hôtel où curieusement personne n'est là pour m'accueillir. Un sms m'a averti que ma chambre était au second étage, la clé de celle-ci posée sur le lit. Il est vrai que les propriètaires n'ont rien à craindre, celà fait déjà une semaine qu'ils ont débité le prix de la chambre de mon compte. C'est un endroit daté, tout a vécu une première vie sinon une seconde aussi. Je pars donc en promenade sur le bord de mer, la plage est magnifique mais pas bondée de monde. Il fait un vent très frais, même en plein soleil, on supporte un pull. Il est vrai que ce n'est ni l'Atlantique, ni la Méditérranée. Il y a de nombreux marchands de glace, je me laisse tenter.



Avant de rentrer, puisque je suis en Belgique, il est indispensable d'aller déguster des moules frites accompagnées d'une bière. Il fait presque froid maintenant que le soleil se couche. Mon lit sera le bienvenu. Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, divers, dîner, 1 plein d'essence, environ 150 Euros. La monnaie du pays est l'Euro.


France


Je me réveille, il pleut, le ciel est couvert. Je vais être obligé de sortir les vêtements de pluie. Je quitte la Belgique sous des trombes d'eau. Il n'y a pas une demi-heure que je roule que mes gants et mes bottes servent de piscine à mes extrémités. Cette longue étape doit me mener à Sillé-le-Guillaume. J'ai paramétré le GPS sur "le plus court" car je dois arrivé avant 18h00 à l'hôtel. Le Pas-de-Calais est sous l'eau, les petites routes sont boueuses à souhait. Je trouve énormément de déviation depuis ce matin et le GPS est complètement fou. Je prends un chemin interdit aux motos pour me retrouver sur chemin herbeux qui finira dans un champs. Quelques kilomètres plus loin, je trouve un panneau au milieu de nul part qui me dit que la petite route sur laquelle je circule est réservée aux riverains. Dans l'impossibilité de faire demi-tour, je continue. Soudainement devant moi, à hauteur de la tête une corde coupe la route, la surprise est de taille mais heureusement je ne roule pas vite. Je stoppe la moto et aperçois dans le bas de la côte une jeune femme qui me fait signe de faire demi-tour. Finalement, elle s'approche et m'explique qu'un camion est embourbé plus bas. Après palabre, elle décide de m'ouvrir en me disant que vu que c'est une moto celà doit passer. Je la remercie et continue prudemment mon chemin pour me retrouver à la sortie d'un virage devant un camion embourbé jusqu'aux essieux. Il a complètement défoncé la route. Le seul passage que j'ai est une ornière pleine d'eau au milieu de deux monticules de boue. Je n'ai pas le choix, il faut passer et surtout de pas s'arrêter en chemin. Je vais de nouveau remercier ma fidèle Guzzi. Je regarde loin devant et m'engage à petite vitesse mais constante dans cette ornière profonde d'au moins 40 cm. Soit je tombe et reste enlisé moi aussi, soit je passe et ne demande pas mon reste. J'ai adopté la bonne technique, sans un regard en arrière, je poursuis ma route jusqu'à ce que je me trouve encore nez à nez avec un panneau route barrée. C'en est trop, c'est la goutte qui fait déborder le vase. Je n'avance pas, je tourne en rond. J'ai déjà fait 50 km de plus que prévu, je n'arriverai jamais à l'heure à l'hôtel. Je change les paramêtres du GPS, je choisis "le plus rapide". Je me retrouve bientôt sur une 4 voies. Je vais pouvoir rattraper mon retard. Au fur et à mesure des kilomètres, le temps s'arrange, le soleil revient.

Arrivée d'étape, formalités d'usage, puis je pars à la découverte de Sillé-le-Guillaume, c'est une belle petite ville.


Je m'arrête dans un petit bistrot et en dégustant tranquillement ma bière de la journée, écoute les habitués refaire le monde. L'heure du dîner approche, je rentre à l'hôtel. Je dois dire que si la chambre n'est pas top, le restaurant sera une tuerie.



La journée s'achève, demain c'est retour à la maison après 29 jours de route et 22 pays traversés. Cette journée mal commencée ne pouvait que mal finir. Monté sur une chaise pour essayer d'occulter la fenêtre par un rideau récalcitrant. Je perds l'équilibre, pars à la renverse et me retrouve à moitié sonné après un choc de la tête contre le mur de la salle de bain. Fin d'une journée qui me laissera tout de même un bon souvenir. Coût de l'étape : hôtel, petit déjeuner, dîner, boissons, 1 plein d'essence, environ 160 Euros.


Conclusions

Je ne donnerai aucun conseil, chacun vit l'aventure à son rythme et ce qui est vrai pour l'un ne l'est pas systématiquement pour l'autre. J'ai respecté chaque pays traversé et chaque Homme rencontré. J'étais l'étranger et partout j'ai été bien accueilli. Lorsque j'étais en difficulté, le sourire était le meilleur mot de passe pour trouver l'aide nécessaire. C'est une belle expérience qui te remet à ta place au coeur des humains.

Quelque soit le pays traversé, j'en tire une leçon, nous sommes tous esclaves aujourd'hui de nos moyens de communication. Sans un téléphone, sans internet plus rien n'est possible, c'est une triste réalité.


Réflexion qui n'engage que moi : l'Arme de demain pour gouverner le monde n'est pas atomique, ne passera t-elle pas par la détention d'un virus sans faille capable de stopper toutes les économies ?


Il serait dommage de se quitter sur une note aussi pessimiste après un voyage aussi joyeux et instructif. Cest pour celà que le sourire de ce motard italien, ravi d'échanger avec moi lors de l'arrêt à un feu de travaux sera le mot de la fin.



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